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Maison Carayon :  La noisette du Gers se refait une jeunesse

Pionnière de la noisette gersoise, la famille Carayon cultive ce petit fruit à coque depuis 3 générations à Castet-Arrouy. À seulement 24 ans, Thomas Carayon a repris les rênes de cette belle affaire familiale. Sa démarche s’inscrit dans la continuité de ses prédécesseurs avec le souhait de poursuivre et de développer la valorisation de la noisette pour la hisser sur le haut du podium des produits d’excellence gersois.

Dans la famille Carayon, la nuciculture est une belle histoire de transmission qui s’écrit à plusieurs mains. Son chapitre gersois débute en 1969 lorsque deux frères, Jean-Marie et Louis Carayon, quittent leur Algérie natale pour refaire leur vie à Castet-Arrouy dans la culture de céréales. Mais le déclin de la production après les Trente Glorieuses incite les deux céréaliers à la diversification.En 1976, Louis tente un coup de poker en plantant 10 premiers hectares de noisetiers sur une mauvaise terre… Banco ! La noiseraie s’épanouit sous les latitudes gersoises. Jean-Marie et ses deux fils, Jacques et Marc, prennent le relais en plantant 30 nouveaux hectares à la fin des années 80. L’aventure de la noisette gersoise est en marche. 

WEBSERIE - Maison Carayon

La 3e génération de nuciculteurs a pris le relais

Aujourd’hui, la noiseraie de la Maison Carayon s’étend sur plus de 60 ha sur le magnifique domaine de La Tardanne et c’est désormais le fils de Marc, Thomas, 24 ans, qui depuis mai 2022 poursuit l’aventure. Une véritable fierté pour ce jeune homme qui ne se prédestinait pas forcément à l’agriculture. Mais il est rapidement rattrapé par le «  virus  » de la nuciculture et son passage par le lycée agricole confirme sa fibre rurale. «  Je me suis rendu compte que je ne pouvais pas travailler dans un bureau, ni travailler pour quelqu’un, j’aime cette connexion à la terre et à la nature, travailler au rythme des saisons, avec pour seul patron la météo », confie le jeune agriculteur qui fait le pari de la transformation pour valoriser sa production. Huile, farine, pâtes à tartiner…la noisette décline ses  saveurs pour le plus grand plaisir des consommateurs (voir par ailleurs).

Malgré une saison 2022 décevante, en raison des épisodes de gel et de sécheresse, avec une production quasi réduite de moitié, Thomas n’est pas fataliste, «  c’est parfois démoralisant, mais je suis passionné, je ne vais pas me laisser abattre, ça me motive encore plus pour travailler sur la valeur ajoutée de mon produit  ». Le jeune homme peut compter sur sa famille, ses parents, son oncle ou encore son cousin pour lui donner un coup de main. Il sait que la demande est là, que le produit plaît et qu’il a encore un beau potentiel à développer. Sa jeunesse et son enthousiasme feront le reste…

L’agroécologie comme fer de lance

La production de la Maison Carayon bénéficie aujourd’hui du label Haute Valeur Environnementale, garant de la préservation de l’écosystème naturel et du respect des principes de l'agroécologie. Une première étape vers une reconversion au bio qui est déjà actée sur les grandes cultures du domaine. Thomas Carayon ne cache pas la difficulté que représente la nuciculture bio, en raison de la présence d’un ravageur, le balanin des noisettes, qui attaque le fruit avant sa maturité et nécessite un minimum de traitement (deux fois par an). «  On est malgré tout dans une démarche d’agriculture raisonnée ++, avec zéro résidu de pesticides, on restitue tout au sol. Je suis persuadée qu’il faut travailler avec la nature et pas contre, c’est en tout cas ma volonté  ».

Les quatre saisons de Carayon

La noiseraie de Carayon est composée de deux variétés de noisettes, la Pauetet, plus petite et riche en matières grasses, qui sert à faire de l’huile et la Ennis, de gros calibre, plus rustique qui se déguste fraîche. Les  noisetiers suivent le rythme des saisons, de la pollinisation en hiver, aux premiers fruits qui apparaissent au printemps et mûrissent tout l’été avant de tomber de l’arbre une fois arrivés à maturité à la mi-août.  Le ramassage peut alors commencer et se poursuit jusqu’en septembre. Les noisettes sont ensuite lavées, triées et séchées avant de pouvoir être commercialisées ou transformées.

La noisette dans tous ses états

Alors que la production de la Maison Carayon se limitait à ses débuts à la vente de noisettes brutes, enrichie par la suite d’une version grillée nature et au piment d’espelette, Jacques Carayon est rapidement convaincu que le petit fruit à coque a bien plus d’un tour dans son sac. Il veut pousser encore la transformation et investit dans une presse à huile. La noisette du Gers, avec ses innombrables vertus, se décline bientôt en une huile délicate et en une farine gourmande, fabriquée avec le tourteau, la matière sèche issue du pressage. Thomas Carayon, très attaché à la valorisation de la production, veut enrichir encore la gamme en misant sur les pâtes à tartiner qu’il élabore avec l’aide de ses parents, Marc et Sylvie. Le pot se décline en trois versions, le 100% noisette, le praliné et le choco-praliné, venues rejoindre cette belle gamme de produits commercialisée exclusivement en circuits courts et sur Internet. Ainsi sublimées, les noisettes de la maison Carayon se sont taillées une belle réputation auprès des consommateurs, mais aussi auprès des restaurateurs et des pâtissiers, qui les plébiscitent jusqu’au-delà des frontières gersoises. Une petite noisette qui a décidément tout d’une grande !