L’avenir de l’eau en débat : Restitution de la concertation

Restitution de la concertation préalable à l’élaboration du futur Schéma d’aménagement et de gestion de l’eau (SAGE)

Plus de 1500 citoyens ont participé au débat sur l’avenir de l’eau à travers 25 événements organisés par la Commission Locale de l’Eau (ciné-débats, exposition, débats mobiles sur les marchés, ateliers…), auxquels s’ajoutent plus de 500 réponses au questionnaire en ligne… La restitution de cette vaste concertation préalable à l’élaboration du futur Schéma d’aménagement et de gestion de l’eau (SAGE) Neste et Rivières de Gascogne s’est tenue le 7 juin dernier à l’hôtel du Département. En prémisse, de nombreuses animations gratuites étaient organisées au sein du parc pour le grand public, animées par le CPIE et les services du Département.

Pour rappel, le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux est un outil stratégique de planification collective, de la ressource en eau , pour un bassin versant. Il vise la recherche d’un équilibre durable entre satisfaction des usages (eau potable, agriculture, industrie, environnement, tourisme, activités aquatiques….) et protection des milieux aquatiques. De ce fait, il a vocation à  planifier, recommander et encadrer. Il définit des priorités collectives et a une portée réglementaire.

La présentation des premières conclusions de la concertation, placée sous l’égide de deux garants de la Commission Nationale du Débat Public, a mis en évidence des constats, des débats et des priorités.

Les constats qui fédèrent :

  • Le manque d’eau, la diminution de la ressource, est source d’inquiétude alors que l’excès d’eau apparaît souvent plus lointain
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  • L’eau est un sujet important, voire prioritaire, dont il faut se saisir collectivement : cela appelle à des changements individuels et collectifs
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  • L’eau n’est pas uniquement une question de quantité, les enjeux sont interdépendants : répartition des usages, modèle agricole, qualité, biodiversité, économie, gouvernance…
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  • Le territoire du SAGE est peu signifiant au quotidien mais il fait sens pour la gestion de l'eau : le Canal de la Neste comme trait d'union
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  • Un fort besoin d’information et de sensibilisation : sur le fonctionnement du système Neste, l’état des cours d’eau, la répartition des usages, les impacts du stockage…
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Les sujets qui font débat :

  • Faut-il s’adapter à la quantité d’eau à venir ou adapter la quantité d’eau à nos besoins actuels ?
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  • Faut-il revoir les débits réglementaires de sortie des rivières et « garder » davantage d’eau pour le territoire ?
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  • Le stockage artificiel est-il une nécessité ou une fausse bonne idée à long terme ?
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  • Le SAGE est-il un outil adéquat pour répondre aux enjeux du territoire ?
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  • Faut-il revoir la gestion de l’eau ? (régie privée, publique …)
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  • Faut-il imposer, réglementer ou bien accompagner et inciter ?
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Les priorités pour le territoire :

Agir collectivement pour préserver la qualité de vie, le paysage et l’économie du territoire Neste et rivières de Gascogne

  • Eviter les conflits d’usages et une guerre de l’eau grâce au dialogue pour trouver un partage équitable de la ressource
  • Consommations individuelles, agriculture, industrie : les principaux usages à faire coexister
  • Recentrer nos besoins prioritaires : boire et manger
  • Veiller à la répartition équitable de la ressource sur tout le territoire : en laisser suffisamment pour l’aval du territoire et assurer la répartition entre irrigants.

  • Réduire nos consommations d’eau individuelles et collectives : limiter les piscines, les bains, les arrosages, les cultures gourmandes en eau …
  • Mettre en place des mécanismes d’économie d’eau en adaptant les logements individuels notamment (récupérateurs d’eau, circuits fermés) mais aussi par l’incitation voire l’interdiction
  • Lutter contre le gaspillage de l’eau potable : ne plus utiliser d’eau potable dans les toilettes, ne plus arroser avec l’eau potable, investir dans l’entretien des réseaux pour limiter les fuites
  • Partager les efforts : ne pas parier uniquement sur les gestes individuels

  • Un sujet particulièrement vif pour les territoires Gascons
  • Des sources alternatives à « garder » : eaux usées, eaux de pluie, inondations et débordements, puits individuels
  • Des solutions de stockage artificiel, à grande échelle (lacs, retenues), semi-collectifs voire individuels
  • Des solutions de stockage naturel : zones humides, meilleure qualité des sols et sols non drainés
  • Un sujet qui questionne : quel impact du stockage artificiel sur les sols et la biodiversité à long terme ? Y aura-t-il suffisamment d’eau pour « remplir » les solutions de stockage ?
  • Stockage, eaux usées, eaux de pluie.

  • La nécessité d’adapter les pratiques agricoles à la situation, une situation partagée par les consommateurs et le monde agricole
  • Ne pas stigmatiser le monde agricole, conserver une agriculture nourricière sur le territoire
  • Optimiser les pratiques d’irrigation (technique, matériel) et favoriser les cultures nécessitant peu d’eau, qui sont adaptées à la quantité d’eau disponible sur le territoire
  • Accompagner fortement les agriculteurs : partage de bonnes pratiques, formation, subventions, filières …
  • Valoriser les solutions d’agroforesterie, d’agriculture sur sols vivants
  • S’appuyer sur les agriculteurs pour replanter et préserver des haies, développer les prairies humides

  • Préserver et développer la biodiversité : amélioration de la qualité de l’eau, qualités paysagères, baisse de la température, qualité des sols et de l’eau…
  • Replanter et préserver des haies, renaturer les berges : favoriser les trames écologiques, consolider les berges, améliorer la qualité paysagère du territoire
  • Préserver, identifier et créer de nouvelles zones humides
  • Améliorer la qualité du sol (agroforesterie, sols vivants, captage carbone…)
  • Assurer l’infiltration suffisante dans les sols (pour garder l’eau, et stocker du carbone dans les sols grâce à l’eau verte)

  • Un sujet globalement moins abordé, à l’exception de mentions sur la potabilisation. Pêcheurs et touristes, les principaux concernés par la qualité de l’eau
  • Plusieurs entrées : la pollution visible des cours d’eau, les rejets chimiques
  • Plusieurs conséquences : les risques pour la santé humaine ; la production d’eau potable ; l’état des cours d’eau ; la qualité de la faune et de la flore aquatique
  • Plusieurs solutions : agir à la source de la pollution (interdire ou réduire les phytosanitaires, sensibiliser aux pollutions domestiques -produits ménagers), contrôler les rejets industriels et privilégier les solutions naturelles (phytoépuration, restauration des zones humides)

  • Un sujet principalement abordé dans le questionnaire en ligne, un risque perçu comme moins majeur que celui du manque d’eau
  • Nécessité de se prémunir des inondations et des coulées de boues
  • Limiter l’artificialisation des sols, les constructions en zone inondable et favoriser l’infiltration naturelle notamment grâce aux zones et prairies humides
  • Renaturer les berges, consolider les ripisylves pour limiter les débordements et l’érosion
  • Redonner aux cours d’eau un fonctionnement naturel, leur laisser de la place et prévoir des zones d’expansion (inondables)
  • Les inondations sont aussi perçues comme une opportunité pour augmenter le stock d’eau disponible sur le territoire

  • Le SAGE et la CLE, des objets encore non identifiés (quel impact, quel rôle ?)
  • Des acteurs publics nombreux, aux compétences parfois floues
  • Le rôle et le pouvoir des citoyens : le besoin d’être convaincus
  • Une absence de consensus sur les leviers d’actions : sensibiliser, inciter et accompagner sont prioritaires mais les interdictions, le contrôle et l’application des règles déjà en vigueur ont aussi été soulignés
  • Investir davantage dans l’entretien des infrastructures : limiter les fuites d’eau, améliorer le traitement des eaux usées mais aussi mieux entretenir les cours d’eau et les berges

La concertation préalable s’est achevée ce 8 juin 2023.

Vous pouvez consulter la restitution de la concertation préalable.

Pour plus d'informations sur le SAGE, rendez-vous sur le site https://sage-nrg.gers.fr/